Le complotisme médical sous toutes ses formes. Gérald Kierzek, Boris Ansel et Laurent Foiry nous éclairent sur la désinformation et les moyens de s’en prémunir.
Nous décollons à nouveau quelques idées reçues, contre-vérités et fake news dans le domaine de la santé, dans un monde devenu plus que jamais soumis aux faits alternatifs.
Le phosphore, c’est bon pour la mémoire. Les vaccins sont dangereux, inefficaces. Lire avec peu de lumière abîme la vue. Le stress à lui seul peut provoquer un cancer. On peut tomber malade quand on attrape froid. Et puis on s’intéressera également ce matin à l’essor du complotisme médical et aux moyens d’y résister. Nos invités vous aident ce matin à y voir plus clair. Une émission en partenariat avec le site Doctissimo.
Qu’est-ce que le dénialisme ?
Depuis la crise sanitaire, les discours complotistes en matière scientifique et médicale se sont développés comme des algues toxiques. Un sondage Ipsos publié en 2022 indiquait que 50% des Français exprimaient une grande méfiance à l’encontre de la parole scientifique. On appelle cela le « dénialisme ».
Le dénialisme, c’est finalement ce qui caractérise la négation de faits scientifiques avérés en faveur d’idées controversées, qui vont être toutes plus ou moins farfelues, mais de manière non étayées.
La pandémie a été un accélérateur du dénialisme. Laurent Foiry, biologiste, explique qu’en mars 2020, se succèdent sur les plateaux télévisés des chercheurs en tout genre, donc des scientifiques, des médecins, des pharmaciens, qui viennent exprimer leur point de vue. Ils expriment l’état d’avancée de la recherche. Les médias ont ni plus ni moins mis le projecteur sur ce qui se passait. « Sauf qu’on n’a pas prévenu le grand public que cette phase où on a l’impression que les gens ne savent pas ou disent tout et son contraire, c’est une phase normale ou une étape normale de la recherche. »
Dans la culture scientifique, dans la méthode scientifique, le doute et la nuance sont omniprésents. Or, ça doit rester dans le champ de la communauté scientifique et au moment du Covid, c’est sorti dans le grand public et c’est là où ça a mis le bazar.
Gérald Kierzek explique qu’on a des preuves scientifiques documentées sur l’efficacité des vaccins. Le bénéfice des vaccins est indiscutable : « Les maladies qui ont été éradiquées. La variole qui a été éradiquée de la planète grâce aux vaccins, par exemple. Donc, il y a des vaccins indiscutablement qui ont eu une efficacité mesurée, mesurable. Ça, ce sont des choses qui sont irréfutables. Alors après, ça n’empêche pas qu’il faut un discours sur des effets secondaires. Les effets secondaires des vaccins, ça existe. »
Une fake news tenace indiquait que l’autisme serait causé par le vaccin ROR – Rubéol-Oréon-Rougeol. L’invité explique que plusieurs études robustes ont montré l’absence de lien entre l’autisme et la vaccination. De même que contrairement à ce qui a été dit, il n’y a pas de lien entre la vaccination contre l’hépatite B et la sclérose en plaques.
On peut attraper le rhume parce qu’on a froid
Gérald Kierzek explique qu’on ne va pas attraper le rhume parce qu’on a froid. Le rhume est lié à des virus, des rhinovirus en particulier. Alors, il peut plus ou moins survivre en fonction des conditions de température, mais le fait d’avoir froid ne provoque le rhume. C’est vraiment le virus qui provoque le rhume. C’est vrai que le froid peut favoriser un certain nombre de virus. Pas tous d’ailleurs, parce qu’il y a des virus qui sont plutôt inhibés par le froid.
Les crampes se soignent grâce à la prise de magnésium
Boris Hansel : « Pour prouver que chez l’humain, ça fonctionne, il faut faire des essais cliniques. Et quand vous faites les essais cliniques, où vous donnez du magnésium ou un placebo, ça ne marche pas. Donc aujourd’hui, on a suffisamment de données scientifiques pour dire que prendre un supplément de magnésium, ce n’est pas ce qui va réduire les crampes. Alors évidemment, si on a une carence ou une maladie, ça peut donner des crampes, donc on va corriger les crampes avec le magnésium. »
Le sucre brun, le sucre roux, est meilleur que le sucre blanc
Au kilo, vous avez beaucoup de minéraux dans le sucre roux, nous explique Boris Hansel. Mais en réalité, aux quantités raisonnables auxquelles nous le consommons, ça n’a strictement aucun intérêt. Donc si vous voulez choisir entre un sucre roux ou un sucre blanc, vous choisissez celui que vous aimez.
Le vin rouge, c’est bon pour le cœur
On ne doit pas boire du vin pour la santé, nous dit Boris Hansel. « Cette relation supposée entre une consommation modérée de vin et une protection cardiovasculaire, elle est tout simplement fausse. Et non seulement elle est fausse, mais on a plutôt maintenant la preuve que quand vous consommez de l’alcool, vous allez augmenter vos risques d’insuffisance cardiaque, qui est une des principales causes de handicap et de mortalité en France. »
Le stress chronique, à lui seul, peut provoquer le cancer
Gérald Kierzek explique que le stress a un rôle sur le système immunitaire, donc si le système immunitaire est plus faible il y a une protection contre le cancer qui est plus faible. Mais ce n’est pas à lui seul, et c’est cette partie de la phrase qui est fausse, qu’il peut provoquer le cancer.