À Bukavu, la méfiance envers les informations circulant sur les réseaux sociaux et par le bouche-à-oreille s’installe progressivement au sein de la population. Dans un contexte où rumeurs et fausses informations provoquent souvent paniques et psychoses, les habitants, jeunes, familles et commerçants cherchent désormais à croiser les sources avant de relayer une information.
Les rumeurs circulent rapidement sur Internet, WhatsApp, Facebook et d’autres réseaux sociaux, mais aussi par les discussions de voisinage, ce qui fragilise une population déjà affectée par une situation sécuritaire précaire. Face à cette réalité, La Prunelle RDC est allée à la rencontre des habitants pour comprendre leurs pratiques en matière de vérification de l’information.
Commerçants : prudence et esprit critique
À Nyawera et Nguba, plusieurs commerçants affirment adopter une approche critique face aux informations reçues. Didas, commerçant à Nyawera, explique : « La première chose que je fais lorsque je reçois une information dans un groupe WhatsApp ou sur d’autres réseaux sociaux, c’est de regarder la source. Si ce n’est pas un fake news, il y a souvent un lien vers un article, parfois un code QR, ou des références administratives. Je regarde ces éléments avant de confirmer si l’information est vraie ou fausse. »
Il cite la Radio Okapi et La Prunelle RDC comme exemples de sources crédibles.
« Lorsqu’ils publient une information sur leur site, ils fournissent toujours des références permettant de vérifier la source. Par contre, certaines informations circulant sous forme de “flash” sans aucune mention d’adresse mail ou de référence trompent beaucoup de gens et se propagent rapidement. »
Didas estime que le gouvernement pourrait jouer un rôle important dans la lutte contre les fausses informations, en installant des serveurs capables de freiner la diffusion d’informations non vérifiées. Il invite enfin chacun à toujours vérifier avant de partager.
Salomon Ndarora, un autre commerçant, se limite aux sources officielles.
« Des plateformes comme X (anciennement Twitter) publient rarement des informations non vérifiées. Sur Facebook et WhatsApp, tout le monde publie ce qu’il veut. Il faut donc toujours vérifier si l’information provient de sources fiables », conseille-t-il.
Pour Gaspard Akonkwa, commerçant à Nguba, le discernement personnel est essentiel.
« Je ne partage pas car il n’y a pas de source fiable. La personne doit réfléchir avant tout pour éviter la diffusion de fausses informations. »
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Jeunes : douter et recouper
Pour les jeunes Bukaviens, comme Adaman Binja et Floribert Safari, la première réaction face à toute information est le doute. Ils recommandent de vérifier les sources reconnues pour leur crédibilité avant de relayer quoi que ce soit.
« Aujourd’hui, il vaut mieux être informé en retard que de partager une fausse information qui peut diviser la population », soulignent-ils.
Selon eux, tous (journalistes, autorités, éducateurs et utilisateurs des réseaux sociaux) ont un rôle à jouer pour limiter la propagation des rumeurs et des informations non vérifiées.
Elizabeth Matabaro, mère de dix enfants, insiste sur le croisement des sources pour identifier la vraie version des faits.
« Je demande parfois à deux ou trois personnes leur avis. Si leurs réponses concordent, l’information est probablement vraie, sinon c’est une fausse information. »
Nkurunziza Gustave complète : « Dès que je reçois une information, je fais des recherches et contacte d’autres personnes pour confirmer si elles ont reçu le même message. Les sources fiables pour moi sont des personnes sur le terrain ou des communications officielles, comme celles du porte-parole du gouvernement. Beaucoup de messages non vérifiés peuvent provoquer de la panique, surtout chez les personnes fragiles. Il faut donc vérifier avant de partager. »
Cette vigilance nouvelle illustre une prise de conscience croissante à Bukavu face aux risques liés aux rumeurs et aux fake news. Commerçants, jeunes et familles adoptent désormais des pratiques simples mais efficaces : vérifier la source, croiser les informations et ne relayer que ce qui est confirmé.
Cet article s’inscrit dans le cadre du projet Renforcement des capacités des jeunes journalistes et activistes pour la paix et la résilience dans l’Est de la RDC, soutenu par le Fonds Kris Berwouts et la Fondation Roi Baudouin.

